Histoire de l’Église
L’expérience des trois témoins


« L’expérience des trois témoins », Révélations dans leur contexte, 2016

« L’expérience des trois témoins », Révélations dans leur contexte

L’expérience des trois témoins

Doctrine et Alliances 17

Plus de cinquante ans après la publication du Livre de Mormon, David Whitmer raconta comment il avait entendu parler du livre : « Je fis un voyage d’affaires à Palmyra, État de New York [en 1828], et pendant que je m’y trouvais je rencontrai un dénommé Oliver Cowdery. Un grand nombre de personnes du voisinage parlaient de la découverte de plaques d’or par un certain Joseph Smith, fils, jeune homme de cet endroit. Oliver Cowdery et moi-même, ainsi que d’autres, parlâmes de ce sujet. » Les détails précis de la rencontre de David Whitmer, âgé de vingt-trois ans, et d’Oliver Cowdery, âgé de vingt-deux ans, ne sont pas connus, mais ces derniers se lièrent rapidement d’amitié.

David poursuivit : « Oliver Cowdery déclara qu’il connaissait la famille Smith et qu’il croyait qu’il devait y avoir quelque chose de vrai dans l’histoire des plaques et qu’il avait l’intention d’étudier la question. » David, qui laissait entendre qu’il avait fait plus d’un voyage à Palmyra, mena sa propre enquête. Il raconta : « J’eus des conversations avec plusieurs jeunes hommes qui dirent qu’ils étaient certains que Joseph Smith avait des plaques d’or. […] Ces personnes étaient si affirmatives dans leurs déclarations que je commençai à croire qu’il devait y avoir un fondement aux histoires qui circulaient alors1. »

David, fermier du canton de Fayette (État de New York), à environ quarante-huit kilomètres au sud-est de Palmyra, et Oliver, natif du Vermont qui avait récemment été embauché par Hyrum Smith et d’autres administrateurs de l’école pour enseigner dans le district de Manchester, décidèrent de se tenir informés de leurs découvertes respectives. À cette époque, aucun d’eux n’avait rencontré Joseph Smith, qui vivait alors à Harmony, en Pennsylvanie, avec sa femme, Emma.

Oliver, qui avait parmi ses élèves des enfants de Joseph, père, et Lucy Mack Smith, prit par la suite pension chez la famille Smith. Lucy écrivit : « [Oliver] commença bientôt à importuner M. Smith au sujet [des plaques], mais pendant un temps considérable ne réussit à obtenir aucun renseignement. Il finit toutefois par gagner la confiance de mon mari, au point d’obtenir un aperçu des faits relatifs aux plaques. »

La conversation avec Joseph, père, eut un très grand effet sur Oliver. Il déclara aux Smith : « Le sujet […] semble travailler dans mes os mêmes. J’ai prié à ce sujet et j’ai la conviction que c’est la volonté du Seigneur que j’aille [à Harmony pour aider Joseph à la traduction2]. »

Oliver annonça aussi cette nouvelle (apparemment dans une lettre) à David Whitmer. Ce dernier écrivit : « Oliver me dit qu’il allait à Harmony, en Pennsylvanie […] voir [Joseph Smith] à ce sujet. Il partit et s’arrêta en chemin chez mon père, et me dit que dès qu’il aurait découvert quoi que ce soit, vérité ou mensonge, il me le ferait savoir. »

Joseph Smith et Oliver Cowdery commencèrent leur projet de traduction le 7 avril 1829 et travaillèrent intensément pendant les huit semaines suivantes. Au cours de cette période, Oliver écrivit trois lettres à David, expliquant le processus de traduction et donnant des informations détaillées sur le contenu du Livre de Mormon. David raconta : « Quand Oliver m’écrivit ces choses et me dit qu’il avait connaissance de leur véracité par révélation, je montrai ces lettres à mes parents et frères et sœurs3. »

Dans sa dernière lettre, Oliver demandait à David de venir à Harmony et d’aider les deux hommes à déménager chez les Whitmer. David écrivit : « J’avais quelque huit hectares à labourer ; je décidai donc de finir de labourer et d’y aller ensuite. » Mais quand il se leva le lendemain matin, il trouva qu’entre deux et trois hectares de sa terre avaient été labourés pendant la nuit. Quand on lui demanda qui avait labouré les champs, David répondit : « Je ne sais pas, je ne peux pas vous dire, tout ce que je sais c’est qu’ils étaient labourés. » Ce fut un témoignage pour lui qu’il ne devait pas retarder son départ pour se rendre auprès de Joseph. Il écrivit : « Je préparai mon attelage et […] me mis en route pour la Pennsylvanie4. »

Le déménagement dans l’État de New York eut lieu dans la première partie de juin et, en un mois, Joseph et ses secrétaires terminèrent la traduction du Livre de Mormon. Vers cette même époque, les parents de Joseph ainsi que Martin Harris, qui avaient été informés que la traduction touchait à sa fin, arrivèrent de Palmyra5.

Lucy Mack Smith écrivit que Martin Harris « se réjouit grandement » quand il entendit parler de l’avancement de la traduction6. Dès lors, bien que ce fût vraisemblablement la première fois que Martin Harris rencontrât Oliver Cowdery et David Whitmer, les trois hommes furent liés par leur dévotion commune à aider à la parution du Livre de Mormon.

Ils étaient particulièrement intéressés par certains passages du Livre de Mormon. Dans ses mémoires, Joseph Smith explique : « Au cours du travail de traduction, nous apprîmes que trois témoins spéciaux seraient désignés par le Seigneur, à qui il accorderait de voir les plaques d’où cet ouvrage (le Livre de Mormon) devait être traduit ».

Presque immédiatement après cette découverte, Joseph écrivit : « Il est venu à l’idée d’Oliver Cowdery, de David Whitmer et […] de Martin Harris […] de me demander de consulter le Seigneur, pour savoir s’ils ne pouvaient pas obtenir de lui d’être ces trois témoins spéciaux ; et finalement ils se sont faits tellement pressants et ont tant insisté que j’ai fini par accepter, et, par l’intermédiaire de l’urim et thummim, j’ai obtenu une révélation du Seigneur pour eux7. »

Appelés à témoigner

La révélation, aujourd’hui connue sous le nom de Doctrine et Alliances 17, faisait cette promesse à Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris : « Vous devez avoir confiance en ma parole, et si vous le faites d’un cœur pleinement résolu, vous verrez les plaques et également le pectoral, l’épée de Laban, l’urim et le thummim […]. Et lorsque vous aurez obtenu la foi et que vous les aurez vus de vos yeux, vous en témoignerez par la puissance de Dieu8. »

Quelques jours plus tard, la prophétie s’accomplit de manière spectaculaire. « C’était à la fin de juin 1829, écrivit David Whitmer. Joseph, Oliver Cowdery et moi-même étions ensemble, et l’ange nous montra [les plaques]. […] [Nous étions] assis sur un rondin quand nous fûmes baignés par une lumière plus glorieuse que celle du soleil. Au milieu de cette lumière, mais à environ un mètre de nous, apparut une table sur laquelle se trouvaient beaucoup de plaques d’or, ainsi que l’épée de Laban et les directeurs. Je les vis aussi clairement que je vous vois maintenant et j’entendis distinctement la voix du Seigneur déclarant que les annales des plaques du Livre de Mormon avaient été traduites par le don et le pouvoir de Dieu9. »

Joseph Smith et Martin Harris eurent une expérience similaire, et tandis que le manuscrit était préparé pour l’impression, Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris signèrent une déclaration commune qui depuis cette époque a été incluse dans chacun des plus de 120 millions d’exemplaires du Livre de Mormon imprimés. Elle dit entre autres : « Et nous déclarons, en toute sincérité, qu’un ange de Dieu est venu du ciel et qu’il a apporté et placé les plaques sous nos yeux, que nous avons contemplé et vu les plaques, ainsi que les caractères qui y étaient gravés ; et nous savons que c’est par la grâce de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus-Christ que nous avons vu ces choses et que nous témoignons que ces choses sont vraies10. »

  1. Lyndon W. Cook, éd., David Whitmer Interviews: A Restoration Witness, Orem, Utah: Grandin Book, 1991, p. 60.

  2. Lucy Mack Smith, « Lucy Mack Smith, History, 1845 », p. 140-141, josephsmithpapers.org.

  3. Cook, David Whitmer Interviews, p. 61.

  4. Cook, David Whitmer Interviews, p. 41, 51.

  5. Voir Matthew McBride, « Les contributions de Martin Harris : Doctrine et Alliances 3, 5, 10, 17, 19 », série des Révélations dans leur contexte, 3 janvier 2013, history.lds.org. Martin eut une implication longue et compliquée avec le Livre de Mormon. Quand la persécution de voisins força Joseph et Emma à quitter la maison de Joseph, père, et de Lucy pour Harmony (fin 1827), Martin donna cinquante dollars à Joseph pour participer aux frais du déménagement. Au printemps suivant, Martin confia sa ferme aux soins d’autres personnes et servit de secrétaire à Joseph pendant deux mois. Mais alors même que la traduction progressait si merveilleusement, Martin emprunta puis perdit la totalité des cent seize pages que Joseph et lui avaient produites, plongeant Joseph et sa famille dans le désespoir et amenant Joseph à se demander s’il avait perdu toute possibilité de traduire. Cependant, dans l’année suivant la perte du manuscrit, Martin se repentit de ses erreurs et montra une détermination renouvelée à aider Joseph par tous les moyens possibles.

  6. Lucy Mack Smith, « Lucy Mack Smith, History, 1845 », p. 153.

  7. « History, 1838-1856, volume A–1 [23 December 1805-30 August 1834] », p. 23, josephsmithpapers.org ; voir les références supplémentaires aux trois témoins dans « Book of Mormon, 1830 », p. 110-111, 548, josephsmithpapers.org.

  8. « Revelation, June 1829–E [D&C 17] », dans Revelation Book 2, p. 119, josephsmithpapers.org.

  9. Cook, David Whitmer Interviews, p. 63.

  10. « Le témoignage de trois témoins », le Livre de Mormon.